Alors que Dakhla dispose depuis 2015 d’une décharge intercommunale contrôlée, la subsistance d’une déchetterie sauvage aggrave la pollution plastique, menaçant ainsi les écosystèmes fragiles de la baie.
Dakhla étouffe sous le plastique et ni la loi 77-15 interdisant les sacs plastiques ni les campagnes de nettoyage des plages qui ont lieu ne suffisent à enrayer ce phénomène inquiétant. Les chiffres ont de quoi donner le tournis au plus écolo-sceptique : lors d’une journée de beach cleaning organisée en septembre dernier, 489 sacs de 25 à 35 Kg de déchets ont été collectés par les bénévoles, soit pas moins de 12 tonnes de détritus amassés en une journée.
85% des déchets collectés sont en matière plastique
Un audit réalisé en août 2018 par l’ONG Zéro Zbel avec le soutien de la Fondation Heinrich Böll sur 26 plages de la côté Atlantique et Méditerranéenne a montré que la pollution plastique est la principale source de déchets solides polluant les plages marocaines. En effet, l’exercice a révélé que 85% des déchets collectés sont en plastique et que les 5 principaux types de déchets les plus présents sont les bouteilles de soda, eau, jus et leurs bouchons en plastique (18%), les cordes et filets de pêche (13%), les bâtonnets de sucette et de coton-tige (10%), les sacs plastiques (9%) et les packagings plastiques (6%).
Par ailleurs, l’audit a permis de mettre en relief que l’origine des déchets est très concentrée. Ainsi, 5 familles de produits représentent 56% des déchets collectés, dont l’essentiel est issu de produits commercialisés par une dizaine de grandes entreprises industrielles. « Avec en moyenne 35 déchets collectés par m2 de plage et 180 micro-déchets (de moins de 5mm) au m2, la pollution plastique des plages est très étendue et problématique » indique le rapport d’audit.
Des déchets mal gérés
Les journées de nettoyage des plages qui mobilisent des dizaines de bénévoles parviennent-t-elles à atteindre leurs objectifs ? Bien sûr que non.
En effet, les déchets plastiques qui polluent une partie de la périphérie de Dakhla proviendraient d’une déchetterie sauvage.
Celle-ci subsiste alors que Dakhla dispose depuis 2015 d’une décharge intercommunale contrôlée, située dans la commune rurale El Argoub, à une quarantaine de kilomètres au nord de la ville.
Ce cercle vicieux de la pollution tend à confirmer les chiffres avancés par ONU Environnement. Selon l’agence onusienne, 66% des déchets produits par le Maroc seraient mal gérés.
Une situation alarmante qui exige des différents acteurs économiques de Dakhla, dont beaucoup adoptent une démarche écoresponsable, de prendre les mesures nécessaires, en partenariat avec les autorités locales afin d’améliorer la gestion des déchets.
Karim Moucharik